mercredi, mai 8, 2024

Algérie : 72 incendies frappent le nord du pays en 24 heures

« J’ai eu juste le temps de m’engouffrer dans un fourgon et on a tracé à travers une petite route au milieu des flammes. J’y ai échappé de peu. » De l’autre côté du fil, Ramdane est essoufflé après cette course contre les flammes qui ont fini, « en une demi-heure », par engloutir son village d’Aït Mimoun dans les montagnes de la grande Kabylie. Toute la nuit, il n’a pas fermé l’?il, surveillant cette ligne de feu qui progressait de crête en crête, jusqu’à ce matin où les abords du village ont été assiégés par un cercle de feu. « Un vrai kamikaze a déboulé dans le village à bord de son fourgon et a emmené ce qu’il pouvait de sinistrés à toute vitesse. Là, on est au chef-lieu de la daïra [sous-préfecture], je ne sais pas où je vais aller, mais la solidarité s’organise très vite », poursuit Ramdane.

Depuis lundi soir, 72 incendies embrasent plusieurs régions du nord du pays, touchant 14 wilayas (préfectures), dont 10 rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou en grande Kabylie, une région densément peuplée, où les villages sont éparpillés au sein même des montagnes et des maquis.

« Mains criminelles »

En plus de Tizi Ouzou, les incendies de forêt ont touché les wilayas de Tébessa, Oum el Bouaghi, Sétif, Jijel, Médéa, Béjaïa, Blida, Khenchela, Bouira, Guelma, Bordj Bou-Arréridj, Boumerdes, Tiaret et Skikda. Le ministère de l’Intérieur avance le bilan de huit décès (jusqu’à midi mardi), sept à Tizi Ouzou et un à Sétif (Est).

« Seules des mains criminelles peuvent être à l’origine du déclenchement simultané d’une cinquantaine d’incendies à travers plusieurs localités de la wilaya [de Tizi Ouzou] », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, qui s’est rendu ce mardi à Tizi Ouzou. « Le déclenchement simultané d’une trentaine de feux, dont dix importants, dans différentes communes de la wilaya le jour même où un bulletin météorologique spécial (BMS) lance une alerte canicule ne peut avoir une origine naturelle », a affirmé le conservateur local des forêts, Youcef Ould Mohamed, ajoutant : « De par notre expérience, il est impossible que l’origine de ces départs de feux soit naturelle, il s’agit d’incendies criminels. »

Ce même mardi, les autorités ont annoncé avoir arrêté trois « pyromanes » à Médéa (Nord) où un incendie s’est aussi déclaré. Les autorités planchent d’ailleurs sur un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d’incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu’à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l’incendie a causé la mort de personnes.

 

Détresse et solidarité

Sur les réseaux sociaux, les appels de détresse se multiplient. « Des appels de détresse nous parviennent de partout. C’est tragique ! Plusieurs villages cernés par le feu du côté de Laarva Nath Yirathen, Ath Ouacifs, Iwadhiyen, Iaazzouguen, etc. On déplore déjà des victimes. Si vous avez un camion-citerne, un fourgon pour évacuer les gens et que vous pouvez vous rendre dans l’une de ces régions, allez-y. Toute aide est la bienvenue. Des gens sont en train de mourir? » écrit un journaliste de la région sur son compte Facebook.

« Dans la folie, nous avons ramassé nos papiers d’identité, le peu d’argent qu’on a sur nous, nous avons laissé nos vêtements, ma bibliothèque, mes diplômes, et presque toutes ma recherche scientifique. Sur mon lit, j’ai laissé un roman sur lequel je voulais travailler, As I Lay Dying, de Faulkner, l’ironie du sort, une femme morte qui observe sa famille, je ne savais pas qu’au bout de quelques minutes je ne pourrais prendre que ma petite fille dans tout ce que j’ai pu réaliser dans cette vie », témoigne sur son mur Facebook Nadia?

Le vent et le terrain accidenté de certaines localités montagneuses compliquent la tâche des pompiers et des corps de sécurité engagés dans une difficile lutte contre ce front de feu. Les habitants, eux, malgré le choc, se sont immédiatement organisés pour assister les sinistrés. Les propriétaires de salles des fêtes ou d’hôtels ont ouvert leurs établissements aux familles fuyant le feu, des médecins assurent bénévolement des permanences, des villages entiers, encore épargnés, préparent à manger pour les sinistrés, des caravanes d’aides (médicaments, nourritures) sont organisées à partir d’Alger ou d’autres localités avoisinantes?

 

La Tunisie offre son aide

« La solidarité s’est exprimée par la contribution de tout le monde à l’effort d’extinction des incendies devant l’insuffisance des moyens de la Protection civile, même avec l’envoi de colonnes supplémentaires des wilayas limitrophes. Armés de pelles et parfois de simples rameaux, les jeunes de la région ont fait ce qu’ils ont pu pendant toute la nuit », précise le site d’information TSA.

En milieu d’après-midi, d’autres incendies sont signalés, notamment à Béjaïa, où le feu commence à menacer des habitations. La canicule qui frappe plusieurs régions du pays n’arrange pas la situation, même dans l’extrême sud, des incendies ont été signalés à Aïn Salah? Mardi, le président tunisien, Kaïs Saïed, a appelé son homologue algérien pour offrir de l’aide en matière d’hélicoptères bombardiers d’eau.

« J’ai eu juste le temps de m’engouffrer dans un fourgon et on a tracé à travers une petite route au milieu des flammes. J’y ai échappé de peu. » De l’autre côté du fil, Ramdane est essoufflé après cette course contre les flammes qui ont fini, « en une demi-heure », par engloutir son village d’Aït Mimoun dans les montagnes de la grande Kabylie. Toute la nuit, il n’a pas fermé l’?il, surveillant cette ligne de feu qui progressait de crête en crête, jusqu’à ce matin où les abords du village ont été assiégés par un cercle de feu. « Un vrai kamikaze a déboulé dans le village à bord de son fourgon et a emmené ce qu’il pouvait de sinistrés à toute vitesse. Là, on est au chef-lieu de la daïra [sous-préfecture], je ne sais pas où je vais aller, mais la solidarité s’organise très vite », poursuit Ramdane.

Depuis lundi soir, 72 incendies embrasent plusieurs régions du nord du pays, touchant 14 wilayas (préfectures), dont 10 rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou en grande Kabylie, une région densément peuplée, où les villages sont éparpillés au sein même des montagnes et des maquis.

« Mains criminelles »

En plus de Tizi Ouzou, les incendies de forêt ont touché les wilayas de Tébessa, Oum el Bouaghi, Sétif, Jijel, Médéa, Béjaïa, Blida, Khenchela, Bouira, Guelma, Bordj Bou-Arréridj, Boumerdes, Tiaret et Skikda. Le ministère de l’Intérieur avance le bilan de huit décès (jusqu’à midi mardi), sept à Tizi Ouzou et un à Sétif (Est).

« Seules des mains criminelles peuvent être à l’origine du déclenchement simultané d’une cinquantaine d’incendies à travers plusieurs localités de la wilaya [de Tizi Ouzou] », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, qui s’est rendu ce mardi à Tizi Ouzou. « Le déclenchement simultané d’une trentaine de feux, dont dix importants, dans différentes communes de la wilaya le jour même où un bulletin météorologique spécial (BMS) lance une alerte canicule ne peut avoir une origine naturelle », a affirmé le conservateur local des forêts, Youcef Ould Mohamed, ajoutant : « De par notre expérience, il est impossible que l’origine de ces départs de feux soit naturelle, il s’agit d’incendies criminels. »

Ce même mardi, les autorités ont annoncé avoir arrêté trois « pyromanes » à Médéa (Nord) où un incendie s’est aussi déclaré. Les autorités planchent d’ailleurs sur un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d’incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu’à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l’incendie a causé la mort de personnes.

 

Détresse et solidarité

Sur les réseaux sociaux, les appels de détresse se multiplient. « Des appels de détresse nous parviennent de partout. C’est tragique ! Plusieurs villages cernés par le feu du côté de Laarva Nath Yirathen, Ath Ouacifs, Iwadhiyen, Iaazzouguen, etc. On déplore déjà des victimes. Si vous avez un camion-citerne, un fourgon pour évacuer les gens et que vous pouvez vous rendre dans l’une de ces régions, allez-y. Toute aide est la bienvenue. Des gens sont en train de mourir? » écrit un journaliste de la région sur son compte Facebook.

« Dans la folie, nous avons ramassé nos papiers d’identité, le peu d’argent qu’on a sur nous, nous avons laissé nos vêtements, ma bibliothèque, mes diplômes, et presque toutes ma recherche scientifique. Sur mon lit, j’ai laissé un roman sur lequel je voulais travailler, As I Lay Dying, de Faulkner, l’ironie du sort, une femme morte qui observe sa famille, je ne savais pas qu’au bout de quelques minutes je ne pourrais prendre que ma petite fille dans tout ce que j’ai pu réaliser dans cette vie », témoigne sur son mur Facebook Nadia?

Le vent et le terrain accidenté de certaines localités montagneuses compliquent la tâche des pompiers et des corps de sécurité engagés dans une difficile lutte contre ce front de feu. Les habitants, eux, malgré le choc, se sont immédiatement organisés pour assister les sinistrés. Les propriétaires de salles des fêtes ou d’hôtels ont ouvert leurs établissements aux familles fuyant le feu, des médecins assurent bénévolement des permanences, des villages entiers, encore épargnés, préparent à manger pour les sinistrés, des caravanes d’aides (médicaments, nourritures) sont organisées à partir d’Alger ou d’autres localités avoisinantes?

 

La Tunisie offre son aide

« La solidarité s’est exprimée par la contribution de tout le monde à l’effort d’extinction des incendies devant l’insuffisance des moyens de la Protection civile, même avec l’envoi de colonnes supplémentaires des wilayas limitrophes. Armés de pelles et parfois de simples rameaux, les jeunes de la région ont fait ce qu’ils ont pu pendant toute la nuit », précise le site d’information TSA.

En milieu d’après-midi, d’autres incendies sont signalés, notamment à Béjaïa, où le feu commence à menacer des habitations. La canicule qui frappe plusieurs régions du pays n’arrange pas la situation, même dans l’extrême sud, des incendies ont été signalés à Aïn Salah? Mardi, le président tunisien, Kaïs Saïed, a appelé son homologue algérien pour offrir de l’aide en matière d’hélicoptères bombardiers d’eau.

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